SARKIS, DANS LA PRESSE

Sarkis : un espace pour s'informer et pour discuter

Article paru dans le quotidien Le Monde, sous la plume de Philippe Dagen

" Pour Sarkis, exposer au Musée d'art contemporain de Lyon, c'est revenir dans des lieux qui lui sont familiers. Au printemps de 2002, il y avait réalisé une exposition nommée Le monde est illisible, mon coeur si. Le principe était comparable, dit-il aujourd'hui, à celui d'un "opéra". "L'exposition a changé trois fois, tous les mois à peu près. Pour la troisième présentation, j'avais enlevé toutes les pièces, gardé seulement l'éclairage de néon rouge de mon atelier et fait ouvrir des fenêtres dans un mur aveugle avec des verres colorés. Tout autour de la salle, il y avait des tuyauteries reliées à des pompes qui faisaient entrer l'air de l'extérieur : s'il faisait chaud dehors, il faisait chaud dedans. Pareil pour le froid. Cette soufflerie faisait un bruit de vent énorme. Tous les jours, on jetait des journaux dans la salle, ils bougeaient, ils s'envolaient. Et en même temps, à mesure que les jours passaient, les nouvelles du monde s'accumulaient."

Cette installation mouvante, lumineuse et sonore avait été conçue par lui afin d'accueillir des discussions. Faute de moyens, les invités avaient été peu nombreux, Angela Davis et Bernard Stiegler principalement.

La réponse en une nuit

Le responsable de la Biennale 2009, Hou Hanru Hou, ayant décidé de l'intituler Le Spectacle du quotidien, recréer l'installation de Sarkis est apparu comme une évidence. "Le musée avait acquis et conservé la soufflerie et les tuyauteries. J'ai prêté le néon rouge de mon actuel atelier, le musée a ajouté quelques pièces plus anciennes de moi qui figurent dans sa collection. Ainsi ont-ils pu réinterpréter ce que j'avais fait au même endroit en 2002."

Ce sera à nouveau un espace pour des interventions et des discussions, mais Sarkis n'a pas souhaité se mêler du programme. "Je voulais que ce soit ouvert, un lieu de débat. Je n'avais donc pas à donner mon avis sur le choix des invités." Le dispositif a du reste pris aujourd'hui le nom de L'Ouverture.

Ce mode d'action s'inscrit à l'évidence dans la logique de l'artiste. Sarkis, qui est né à Istanbul en 1938 et travaille en France depuis 1962, conçoit depuis ses débuts son art comme un mode d'intervention sur le monde qui l'entoure, que ce soit par la fabrication d'oeuvres ou par des dispositifs et des environnements qui appellent actions et réactions.

En 1967, il demandait "Connaissez-vous Beuys ?" au Salon de mai et se plaçait dans la filiation de l'artiste allemand préoccupé d'histoire et de politique. En 1969, il était l'un des rares invités français de l'exposition, devenue légendaire, "Quand les attitudes deviennent forme", organisée par Harald Szeemaann à Berne et qui marque une des étapes principales de l'histoire de la performance et de l'art conceptuel en Europe.

Depuis, au fil de ses très nombreuses expositions, Sarkis a conservé son souci de demeurer en prise directe avec la réalité de l'heure. "Si j'interviens dans des musées, c'est parce que je veux que ces travaux soient déconnectés du marché de l'art. Ils n'ont rien à voir avec lui. C'est une attitude politique de ma part."

site Musée Istanbul Modern : http://www.istanbulmodern.org/en/f_index.html

Comments

[biennal Lyon OUT]

la biennale art contemporain OUT Lyon 2009 France est un espace de liberté artistique et indépendant en ligne qui s'oppose à la culture officielle en France ou l'industrie culturelle d'état et comme Sarkis "des artistes dissidents français conçoivent un art comme un mode d'intervention sur le monde qui l'entoure". La culture officielle de l'état français grosse mangeuse de subventions ne laisse plus rien aux artistes indépendants. Vous trouverez sur ce site, notre révolte: biennale art contemporain OUT Lyon 2009 France ou http://biennaleartcontemporain.over-blog.com/ ou en anglais : Biennale Lyon of Contemporary Art Out France 2009 ou http://contemporary.over-blog.com/