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LA VIE CULTURELLE TURQUE EN FRANCE
LA VIE CULTURELLE TURQUE EN FRANCE
29 juin 2011

TURCS DE VANNES

Dans le Télégramme du 28 juin 2011, un article de Jean-François Colleter, sur les Turcs qui habitent Vannes (56)

Depuis une dizaine d'années, la Turquie se modernise à vitesse grand V. Des changements mis en lumière lors des récentes élections et qui ne laissent pas insensibles la communauté turque du pays de Vannes.

Un taux de croissance comparable à celui de la Chine, un tissu d'entreprises florissantes et conquérantes, un rôle politique de plus en plus affirmé et respecté sur la scène internationale... Depuis une dizaine d'années, la Turquie traverse une période faste et cela n'a pas échappé aux quelque 300 familles d'origine turque qui habitent le pays de Vannes. Les élections législatives du 12juin dernier ont mis en lumière un pays qui s'est considérablement modernisé et qui n'a plus grand-chose à voir avec les stéréotypes véhiculés par le film d'Alan Parker «Midnight express» (1978).

«La Turquie revient de loin»

Ce scrutin, qui a vu la troisième victoire consécutive du parti AKP, a été suivi de près par les responsables de l'association culturelle des Turcs de l'Ouest. Bien intégrés dans leur pays d'accueil, ils n'en gardent pas moins des attaches solides avec leur territoire d'origine. «La Turquie revient de loin, explique Zekeriyya Senkal, vice-président de l'association. Au début des années 2000, l'inflation était de 70% et le gouvernement avait dû dévaluer la monnaie. L'économie était à genou. Ce qui s'est passé depuis lors nous a épatés. La Turquie est désormais un pays respecté.»

Des vacances sur les bords de la mer Noire

À ses yeux, c'est le rôle politique joué par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan (AKP) qui est à l'origine de ce retournement de situation. «Avant d'arriver au pouvoir en 2003, il s'était déjà illustré en tant que maire d'Istanbul en donnant de véritables infrastructures à la ville. Il a poursuivi son travail à l'échelle nationale. La Turquie est désormais un pays moderne et prospère», souligne de son côté Selahattin Öztas, président de l'association. La plupart des Turcs installés dans le pays de Vannes sont originaires de la province du Nord-Est (Dogu Karadeniz Bölümü), sur les bords de la mer Noire. Beaucoup séjournent dans cette région au cours de leurs congés. Les récentes transformations du pays les ont fortement impressionnés.

«Tout a changé»

«Tout a changé, résume Zekeriyya Senkal. Les infrastructures, les voies de communication, les hôpitaux... En l'espace de huit ans, on a construit en Turquie trois fois plus de routes qu'au cours des 70 années précédentes. Le paysage s'est tellement modifié qu'on a du mal à se repérer sur place.» Les habitants aussi se sont enrichis, comme en témoigne Selahattin Öztas: «Un de mes amis qui enseigne dans un collège là-bas gagne 1.300euros par mois. C'est un salaire plutôt confortable car le coût de la vie est trois fois moindre qu'en France».

«Rattraper le temps perdu, c'est impossible»

Cet essor économique attire aujourd'hui de plus en plus d'immigrés installés jusqu'ici en Allemagne et qui peinent à décrocher un emploi dans leur pays d'accueil. Les Turcs du pays de Vannes songent-ils eux aussi à rejoindre l'Anatolie pour y trouver un meilleur sort qu'en France? «Tout le monde y pense, répond Zekeriyya Senkal. Mais rattraper le temps perdu, c'est malheureusement impossible.» Un constat partagé par Gurbuz Malli, membre du bureau de l'association. «Nous sommes perçus comme des Turcs en France et comme des Français en Turquie», explique ce jeune chef d'entreprise. «Je suis arrivé en France à l'âge de 11 ans, raconte Zekeriyya Senkal. Même si nous parlons turc entre nous, la culture française pèse lourd. La vérité, c'est que nous sommes fiers de ce qu'est devenue la Turquie, mais également un peu perdus lorsque nous allons là-bas.»

Réussite économique

Autre aspect qui contribue à ancrer la communauté dans le Morbihan: les Turcs du pays de Vannes ont plutôt bien réussi économiquement en créant des entreprises dans le secteur du bâtiment. «Nous habitons ici, nous payons nos impôts ici, comme tout le monde. Dans la mentalité turque, rester sans rien faire en profitant des autres est très mal vu», souligne Selahattin Öztas, qui emploie quatre salariés français dans sa société basée à Sulniac. «Vannes est une très belle ville et les habitants sont dans l'ensemble accueillants. Mais c'est le climat politique national qui nous gêne ces derniers temps. Le gouvernement actuel passe son temps à montrer du doigt les immigrés. C'est blessant et fatigant», ajoute Zekeriyya Senkal. «Finalement, nous ne sommes pas malheureux, mais nous ne sommes à l'aise dans aucun des deux pays.»
                   

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