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LA VIE CULTURELLE TURQUE EN FRANCE
LA VIE CULTURELLE TURQUE EN FRANCE
28 septembre 2010

ISTANBUL ... 2010

Article publié, en ce mois de septembre 2010, dans le quotidien belge, Le Soir.

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De la place Taksim au pont de Galata, les clichés de la ville moderne se succèdent sur la Istiklal Caddesi, l'artère piétonnière principale qui coupe le centre de la ville. Ici se mêlent cafés, librairies, galeries d'art, mosquées et églises, vieux tramways, cireurs de rue, tout en conservant un attrait un peu interlope.

L'agence Istanbul 2010 y a établi son siège, de même que les grandes banques de Turquie, rivalisant dans le mécénat artistique et engoncées dans des lieux rutilants. Faute d'argent public, les élites financières ont cerné tout l'intérêt de promouvoir les arts visuels et, par là, l'image extérieure de la Turquie et ses liens avec l'Union européenne. Des espaces privés d'art contemporain ont ainsi vu le jour en quelques petites années, sur la Istiklal et autour, aménagés dans des appartements ou des lofts. Parmi les plus actifs, Galerist et le centre Platform Garanti, mais aussi de nouveaux musées comme Projet 4L, musée d'art contemporain. Et surtout, l'Istanbul Modern, premier musée d'art moderne turc, ouvert en 2004 sur la rive du Bosphore, financé par Türk Telekom. Le rez accueille des expositions temporaires – nationales et internationales – de premier plan : En peu de temps, Istanbul Modern est devenu un symbole culturel qui transcende les limites géographiques, relève Oya Eczacibasi, président. Le musée donne l'opportunité de découvrir ce qui se fait en Turquie en matière d'arts moderne et contemporain. En plus de collaborer avec d'autres musées et collections, il envoie des expositions créées dans ses murs à l'étranger.

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Art et modernité
Il n'est pas le seul à promouvoir ces échanges et à miser sur l'image de modernité du pays. Lors de la dernière Biennale d'Istanbul, la jeune galeriste Lalin Akalan présentait des artistes anglais lors de l'exposition collective « Il faut être absolument moderne » en synergie avec la Paradise Row Gallery à Londres, qui exposait des artistes turcs. Le titre est tiré du poème « Une Saison en Enfer », écrit par Arthur Rimbaud. Le futur a toujours été très contesté ici, battu par des idéologies, et la question de savoir ce que signifie « être moderne » reste d'actualité dans notre société et culture. Nous avons choisi d'exposer des artistes qui pourraient inspirer et lever des obstacles pour les nouvelles générations d'artistes ici.
L'anthropologue Zeynep Gürsel relève de son côté : Il y a cinq ans, alors que je vivais à Paris, j'ai compris ce que signifiait le fait que la Turquie soit connue internationalement comme « le pays qui veut entrer dans l'Union européenne ». Je pense que nos désirs, la manière dont nous espérons le futur constitue une part importante de notre identité et de la manière dont nous vivons.
Istanbul compte aujourd'hui plus de trois cents galeries et lieux d'art, en plus d'une soixantaine d'espaces de concerts, danse et théâtres. Elle ne cesse d'insuffler de l'énergie aux artistes, par sa situation entre Europe et Asie, sa démesure urbaine, son contexte sociopolitique instable, les mutations d'une mégapole de quatorze millions d'habitants. Cette effervescence artistique trouve aussi son ancrage dans la création de la Biennale d'Istanbul en 1987, la deuxième plus importante au monde après celle de Venise, et le foisonnement des résidences d'artistes turcs à l'étranger. Et vice versa.
Le passé défriché
Il suffit de traverser le pont de Galata pour replonger dans le passé d'Istanbul et atteindre la vieille ville, Sultanahmet, au sud. Avant cela, observer les pêcheurs agglutinés sur le pont. Des employés et des chômeurs pour la plupart, qui arrondissent leurs fins de mois grâce à la pêche au lancer, féconde de daurades, loups, sardines. Juste en dessous, des centaines de milliers de navetteurs quotidiens foulent le quai après avoir emprunté les ferries pour passer d'une rive à l'autre, tel un interlude dans le chaos urbain.
En recevant le titre de « capitale culturelle de l'Europe », la ville y a vu une opportunité d'enrichir l'héritage culturel, étendre l'horizon artistique, et renouveler le tissu urbain. Environ quatre cents projets visant à faire de la cité stanbouliote un pôle d'art international permanent ont été sélectionnés, et les chantiers de restauration se sont multipliés, en partie dans ce sens. Dans le quartier historique, la muraille de Theodose II et les monuments les plus photographiés d'Istanbul – comme la basilique Sainte-Sophie ou le palais-musée de Topkapi, résidence séculaire des sultans ottomans – ont ainsi retrouvé leur âme.
Autre chantier, en stand-by vu l'étendue imprévue des excavations, le creusement du tunnel ferroviaire sous le Bosphore. Celui-ci devrait endiguer le trafic urbain et tracer un trait d'union symbolique entre les rives européenne et asiatique. Les fouilles, qui ont permis de découvrir le port construit au IVe siècle sous Théodose 1er et d'exhumer trente-deux épaves de navires et dix-sept mille objets, ont révélé différentes strates de l'histoire du pays. Sur l'emplacement du port sera aménagé un parc archéologique doté d'un musée. La découverte du site, majeure, laisse penser que la cité stanbouliote n'a pas encore dévoilé tous ses secrets.

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